Centre ALMA Paris : quand l’écoute devient un rempart contre la maltraitance

Un engagement discret, mais essentiel

Au cœur de Paris, le centre ALMA (Allô Maltraitance Personnes Âgées et Majeures Handicapées) agit sans faire de bruit depuis 2002 pour écouter, soutenir et orienter des personnes confrontées à des situations complexes, souvent douloureuses. Portée essentiellement par des bénévoles formés à l’écoute, l’équipe d’ALMA Paris reçoit chaque année des centaines d’appels (l’an dernier 545 appels et 1848 passés par le centre). Ce sont des appels qui permettent de traiter les 500 dossiers par an concernant chacun une situation de maltraitance potentielle. Lors de la clôture des dossiers environ 125 sont des situations de maltraitance avérée, 125 des situations de maltraitance très probable (les partenaires institutionnels ne communiquent pas les données au centre pour ne pas lever le secret professionnel) et 250 situations témoignent de souffrance et d’incompréhension entre les différents protagonistes . Derrière chaque coup de téléphone : une personne, une histoire, parfois une inquiétude.

Un fonctionnement rigoureux et bienveillant

Chaque appel reçu fait l’objet d’une fiche de suivi : identité de l’appelant, situation décrite, fréquence des contacts, actions entreprises… Cette méthode garantit une traçabilité et une cohérence dans l’accompagnement. Les bénévoles, toujours en binôme, échangent ensuite leurs ressentis pour croiser les regards et affiner les prises de décision.

Une écoute attentive et active peut permettre à l’appelant de dérouler le récit de ce qu’il vit, permettant ainsi aux bénévoles de documenter la situation, d’identifier s’il y a maltraitance et d’orienter et/ou d’accompagner l’appelant pour trouver une solution avec lui.

Même si les permanences sont fixes (mardi après-midi, jeudi après-midi, vendredi matin), l’écoute reste continue. Lorsqu’un appel est manqué, les équipes rappellent, laissent des messages vocaux ou transmettent les coordonnées aux structures compétentes avec l’accord de l’appelant.

Distinguer l’alerte de la maltraitance avérée

Une partie du travail consiste à évaluer les situations transmises par le 3977, le numéro national d’écoute. Dans certains cas, il ne s’agit pas de maltraitance avérée, mais de conflits relationnels ou de détresse sociale. Il est essentiel de prendre le temps d’écouter, de comprendre et d’agir avec discernement.

« On ne peut pas qualifier une situation de maltraitance dès le premier appel. Il faut du temps, de l’écoute, des échanges, pour comprendre ce qui se joue vraiment. »

L’exemple d’un cas complexe

Une situation récente illustre bien la complexité de ces dossiers : une personne âgée, autonome, héberge depuis plusieurs années un homme sans domicile fixe. Leur relation, d’abord amicale, a évolué vers une forme d’emprise selon un de ses fils.

Bien que cette personne ait été victime de plusieurs agressions physiques, la victime a refusé de porter plainte. L’équipe d’ALMA Paris, en lien avec la Mairie et les services sociaux, a œuvré avec discrétion et efficacité, en déclenchant les bonnes alertes tout en respectant la volonté de la personne concernée.

Des bénévoles professionnels à saluer

Les équipes d’ALMA Paris sont composées de bénévoles engagés, formés et profondément investis. Qu’ils soient anciens professionnels du soin, de l’accompagnement social, ou venus d’autres horizons, ils ont en commun l’écoute, l’empathie et le sens du devoir citoyen.

Certains ont été formés à l’écoute dans d’autres structures, d’autres bénéficient de formations internes ou participent à des groupes d’échanges entre pairs. Ils s’impliquent pleinement, souvent plusieurs heures par semaine, avec une rigueur et une implication digne des professionnels du secteur.

Merci à toutes celles et ceux qui consacrent leur temps, leur énergie et leur humanité à protéger les plus vulnérables.

Un maillon essentiel de la chaîne de protection

Si ALMA Paris ne se substitue ni à la police ni aux services sociaux, le centre joue un rôle fondamental de repérage, d’accompagnement et d’orientation. Grâce à leur écoute, les bénévoles permettent à des situations de maltraitance latente ou avérée d’être prises en charge de manière adaptée.