Refondation : La lutte contre les maltraitances aussi !
Le gouvernement a ouvert le chantier de la refondation concernant, entre autres, les conditions du vieillissement de la population. Chacun peut se réjouir de l’opportunité ainsi donnée de réfléchir sur l’état des lieux, et de formuler des propositions susceptibles d’améliorer l’existant.
On comprend aussi que tous les acteurs concernés n’ont pu être invités pour contribuer à ce chantier, et c’est pourquoi la Fédération 3977 contre les maltraitances, non sollicitée, a analysé attentivement la première synthèse des travaux diffusée le 21 novembre dernier.
L’absence de tout constat, et de toute réflexion explicite sur les maltraitances des personnes adultes vulnérables dans ce document est préoccupante. En l’absence d’estimation de la fréquence des maltraitances en France, une synthèse des travaux scientifiques issus de plusieurs pays d’Europe (Lancet, 2017) indique que 10% de la population de 60 ans et plus est victime de maltraitance dans l’année, soit, transposé à la France, près de 2 millions de personnes.
On comprend mal l’absence même du mot « maltraitance » dans cette synthèse, même au titre des « idées rares ». La Fédération 3977 rappelle que le déni de cette réalité large et douloureuse tient à :
– L’origine institutionnelle d’une partie des maltraitances, qui renvoient aux ressources insuffisantes mobilisées pour répondre aux besoins des personnes vulnérables : à la fois en quantité, en qualification, en organisation du travail, et en management, faible lisibilité de l’organisation des soins consacrée à la population âgée malade et peu autonome, facteurs peu lisibles par les usagers ;
– De multiples obstacles pour alerter, et répondre aux situations de maltraitance à domicile, les plus nombreuses dans l’expérience de la Fédération.
La Fédération 3977 appelle les pouvoirs publics à prendre en compte la réalité des maltraitances dans les constats, ce qui devrait conduire à une réponse large et coordonnée, en particulier :
– Estimer la réalité des maltraitances en France, et la part des situations objet d’une alerte, condition d’une politique publique qui y soit consacrée ;
– Développer une offre d’écoute des alertes venant des personnes en situation de vulnérabilité, ou témoins de ces faits, adaptée aux contraintes de ces personnes ;
– Développer les détections précoces des maltraitances par les professionnels et les proches-aidants, pratique embryonnaire en France ;
– Soutenir la mise en place de la gestion des risques de maltraitances dans les établissements et les services, objet d’une injonction, en termes d’évaluation externe, dont ces acteurs, en l’état, n’ont pas les moyens ;
– Articuler sur le terrain les multiples acteurs susceptibles de recevoir ces alertes, avec notamment le principe d’un partage d’information et d’un suivi des situations ;
– Former sur une base interprofessionnelle à la lutte contre les maltraitances ;
– Développer la recherche multidisciplinaire sur les maltraitances, absente en France.
La multiplicité et la diversité de ces initiatives, qui impliquent un plan pluriannuel d’action, en partenariat avec les parties prenantes, avec des objectif explicites, un calendrier formalisé, des ressources dédiées, un pilotage et une évaluation. La Fédération est prête à y contribuer.